SECONDE MOITIÉ DU XVII° SIÈCLE                    369
sévèrement clans l'appréciation des ateliers contemporains placée par les tapissiers parisiens de 1718 en tête de leurs statuts. Ce môme document nous apprend que la marque ordinaire de la manufacture de Behagle était un cœur rouge entre deux B, tra­vesé par un trait blanc dans le milieu. Plus tard, le nom de la ville fut inscrit en toutes lettres dans la lisière. On verra plus loin les nouvelles vicissitudes que la manufacture eut à traverser .pendant l'administration de Mérou, avant de passer sous la direc­tion réparatrice du peintre Oudry.
Gisors. — A côté des manufactures célèbres dès Gobelins et de Beauvais, diverses tentatives, dues à l'initiative de quelques entre­preneurs particuliers , avaient été faites pour répandre dans les provinces les procédés de la tapisserie au métier.
Le baron Davillier a fait connaître l'existence d'un petit atelier créé dans la ville de Gisors, en 1703, par un certain Adrien de Neusse, originaire d'Audenarde, qui avait travaillé quelques années à Beauvais. Bien accueilli par les magistrats, le tapissier leur offrait, en 1708, en témoignage de reconnaissance, un por­trait de Louis XIV exécuté sur ses métiers. Cette pièce, conservée au musée de Gisors, est aujourd'hui le seul témoignage connu du talent d'Adrien de Neusse. Tout porte à croire que son entreprise n'eut pas une longue durée et donna peu de résultats.
Torcy. — Il en fut probablement de même de la tentative faite, quelques années plus tard, pour doter le bourg de Torcy d'une manufacture de tapisseries. Le souvenir n'en a été conservé que par les lettres patentes sollicitées et obtenues, en octobre 1711, par Jean-Baptiste Baert, tapissier de haute et de basse lice, naturalisé français dès 1674, déjà directeur d'une entreprise de même nature à Lille d'abord, puis à Tournai. Cet entrepreneur avait atteint déjà un âge avancé quand il obtint les lettres de 1711 ; le moment n'était guère favorable pour une pareille entreprise. Aussi, malgré les avan­tages concédés à Jean-Baptiste Baert, malgré le droit de prendre le titre de Manufacture royale de tapisseries, l'atelier de Torcy ne paraît-il pas avoir réussi et n'a-t-il laissé aucune trace.
On trouve une famille de tapissiers du nom de Baert installée à Cambrai au milieu du xviii- siècle. Elle descendait probable--ment du Jean-Baptiste Baert fixé à Torcy en 1711.
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